L’unité selon de Dieu

La DIVISION des chrétiens et des églises est assurément un mal, et même un contre-témoignage (voir articles précédents).

Mais manifestement, Dieu la PERMET. Pourquoi ? Nous pouvons penser que dans sa toute-puissance, il veut en tirer UN PLUS GRAND BIEN. « Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom 8,28).

À nous de comprendre comment l’Éternel travaille à l’unité et à la construction de son Église par-delà ses divisions.

— L’UNITÉ selon les hommes se traduit le plus souvent par la volonté ou le rêve de l’uniformité : « Tous dans la même église ».

— L’UNITÉ selon Dieu est radicalement différente. Elle intègre la diversité des églises. Car, comme le dit un proverbe oriental, « Dieu écrit droit avec des lignes courbes »(Seul le Tout-puissant en est capable.)

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CONSTAT

Chacune de nos églises reçoit de Dieu des TALENTS, des CHARISMES et des TRÉSORS évangéliques. Qui peut prétendre que rien de bon ne sort des mouvances protestantes ou pentecôtistes (…d’où nous est venu le Renouveau charismatique dans le catholicisme) ? Aucune église n’a le monopole du St Esprit ni des dons divins. Le Seigneur se plaît à opérer des merveilles dans chacune de nos communautés chrétiennes. Sans doute pour nous garder dans l’humilité, et rabattre toute prétention à être la meilleure dénomination chrétienne, ainsi que toute forme de pharisaïsme spirituel, que ce soit dans le triomphalisme, le cléricalisme, le culte des pasteurs, ou la surenchère du prophétisme et des miracles…

C’est pourquoi Jésus refusa d’accomplir des miracles dans son propre village de Nazareth, alors qu’il le faisait dans les autres contrées (cf. Lc 4,23-30). Ceci mit en colère ses congénères. Sa raison : « Nul n’est prophète dans son pays. » Et le Seigneur de rappeler comment des miracles furent accordés aux païens dans l’Ancienne Alliance. (Cf. les épisodes de la veuve de Sarepta en 1 Rois 17 et de Naaman le Syrien en 2 Rois 5).

Le seigneur provoque et corrige ses diverses églises (y compris catholique) par les dons qu’il octroie aux autres églises (cf. Apoc 2 & 3). Il les appelle chacune au réveil spirituel, à l’humilité, au dialogue, à la communion fraternelle, et à l’unité dans le témoignage et l’évangélisation.

Notre Seigneur veut que chaque église grandisse dans le véritable esprit évangélique (autrement dit la sainteté), en se rapprochant toujours plus de Lui, Tête de l’Église. De sorte que, tels les rayons de la roue se rapprochent de son centre, nos églises se rapprochent immanquablement les unes des autres dans le même Seigneur et le même Esprit.

Mais l’unité des chrétiens est loin d’être acquise. L’œcuménisme est accusé de « fumisterie unitaire » par certains, de compromission avec l’idolâtrie et les diableries ‘papistes’ d’une Église catholique considérée comme satanique. (Rien que ça ! ex. ici) Les accusations d’apostasie pleuvent contre les pasteurs évangéliques qui se rapprochent de l’Église catholique. La fracture est profonde entre ceux qui, au nom de la Réforme, s’acharnent contre le catholicisme – et ceux qui, par-delà les dénominations, vivent une communion chaleureuse dans l’Esprit-Saint.

La question finale est donc celle-ci : Le grand mouvement d’unité entre les chrétiens vient-il du Diable (piège et séduction) ou de l’Esprit Saint ?

DISCERNONS  LES  CHARISMES

Au lieu de toujours dénigrer les autres églises (Voir la paille chez l’autre et non la poutre chez nous, cf. Mat 7), reconnaissons les authentiques fruits de l’Esprit — sans naïveté, car les contrefaçons sont nombreuses. (Nous aborderons celles-ci dans notre prochaine question : Discerner les faux prophètes)

>> L’Église catholique  est porteuse d’une sagesse et d’une Tradition millénaires, riches de trésors de charité, de spiritualité et de sainteté. Avec de surcroît l’intelligence au service de la foi (philosophie, théologie, sciences…). Et enfin l’unité et l’universalité de l’Église grâce à son magistère (enseignement).

Dans l’Église catholique, les plus grands saints et évangélisateurs ont toujours agi dans l’obéissance à leurs supérieurs, même défaillants. Ce qui permit à Dieu de manifester sa gloire dans les œuvres de ses serviteurs sans rompre l’unité de son Église. C’est ainsi que Dieu réforma maintes fois son Église, comme avec St François d’Assise par exemple – mais sans fracture comme ce fut le cas avec la réforme protestante.

>> Les Églises protestantes ont développé le culte de la Bible et de la Parole de Dieu (qui a contribué au renouveau biblique dans l’Église catholique). Et on ne peut qu’admirer leur dynamisme et leur pragmatisme missionnaire à travers la littérature, les campagnes d’évangélisation, les films, etc.

>> Les églises évangéliques (nouvelles églises, etc.) sont à l’origine d’un souffle nouveau qui a inspiré l’Église catholique dans le renouveau dans l’Esprit (mouvement charismatique), l’insistance sur la nouvelle naissance, la louange, le zèle apostolique, la puissance du témoignage, etc. Ces églises sont les premières à évangéliser les musulmans. (Les catholiques en sont les bons derniers…)

Sur le pentecôtisme, ses variantes et ses divergences, voir ici.

Tout cela est évidemment à nuancer et compléter (notamment avec les autres églises non mentionnées), sans effacer pour autant les questions de doctrines, et bien-sûr les déviances. Retenons ce qui est BON chez les autres, et CORRIGEONS ce qui doit l’être chez nous.

« N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose. Retenez ce qui est bon ; éloignez-vous de toute espèce de mal » (1 Thess 5,21-22 ; cf. Phil 4,8).

« Il y a certes diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministres, mais c’est toujours le même Seigneur ; diversité d’opération, mais c’est toujours le même Dieu qui opère tout en tous. À chacun est donnée une manifestation de l’Esprit en vue du bien commun » (1 Cor 12,4-7)

(Voir l’avis du pasteur Louis Schweitzer, aussi bienveillant que nuancé.)

Pas d’œcuménisme vaseux ici. Mais l’exigence de discerner les fruits de l’Esprit au bénéfice de tous, dans l’unique Corps du Christ. (Voir cette profonde et juste réflexion protestante.Rappelons que le Christ prenait comme exemple de compassion ou de foi un samaritain (un idolâtre pour les juifs) ou un centurion romain ; il nous invitait ainsi à dépasser nos étiquettes religieuses.

Qu’attendons-nous pour le faire aujourd’hui, surtout entre frères chrétiens !?

RÉVEILS ET CONVERSIONS DANS NOS ÉGLISES

>> L’Église catholique a connu ses réformes :

— La Réforme protestante (16e s.), aussi douloureuse fut-elle, poussa néanmoins l’Église catholique à se réformer elle-même. (Elle en avait besoin !)  En redonnant à la Bible sa place centrale dans l’Église.

— N’est-ce pas grâce au pentecôtisme (USA) que le Renouveau dans l’Esprit ou charismatique est entré dans l’Église catholique ? (…dans les années 60, événement que le pape Paul VI déclara une « chance pour l’Église ».) Mais à la différence de beaucoup de pentecôtistes ‘durs’, le Renouveau charismatique catholique s’est toujours voulu fidèle à l’Église dans sa grande Tradition (Vierge Marie, sacrements…), et aussi ouvert aux autres dénominations dans une chaleureuse communion dans l’Esprit Saint. (ici)

Oui, les ‘églises réveillées’ gagnent du terrain. Mais ne serait-ce pas afin que notre Église se réveille elle-même !? N’en a-t-elle pas encore besoin ? De plus, l’essentiel n’est-il pas que le Christ soit annoncé à tous !? (Rom 15,21 ;  1 Cor 9, 12  & 12,12 ;  Phil 1,18)

Reconnaissons ici que les églises évangéliques et pentecôtistes sont aux avant-postes de l’évangélisation de notre monde païen, et aussi du monde musulman. Beaucoup découvrent la foi et reçoivent le salut à travers ces églises, même si, ensuite, ils poursuivent leur chemin dans une autre église, jusque dans l’Église catholique.

>> Cependant, le retour à l’Église-mère  concerne aussi les autres églises  Chose impensable pour beaucoup, mais pourtant…

— L’Église-Mère et catholique, ‘tronc’ de toutes les églises, ne doit-elle pas retrouver sa place centrale dans le concert des églises aujourd’hui ? Et dans le service de l’unité, en particuliers à travers le successeur de Pierre ? N’est-elle pas porteuse de richesses millénaires, d’une sagesse, d’une intelligence de la foi, de la charité, et d’immenses trésors de sainteté ? Et n’est-ce pas elle qui s’engagea la première pour l’unité des chrétiens ? (Voir Ce qui nous unit)

L’Église catholique compte ainsi beaucoup de révolutionnaires de la foi et de la charité, tels les St Philippe Néri, les  St François de Sales, les St Jean Bosco, les mère Teresa, etc. Sans oublier le célèbre apôtre suisse St Nicolas de Flue, qui fut un tel artisan de paix que même les réformés comme Zwingli ou le grand théologien Karl Barth le considéraient comme « leur saint ». De fait, la sainteté évangélique n’appartient à aucune église, et n’a pas de frontières.

— Des frères séparés ‘reviennent à la maison’. Ainsi John Henry Newman (19e s.), illustre théologien anglican en quête de l’Église des origines, le fit au nom de ses études historiques sur les origines du christianisme, et dans une démarche héroïque où il fut reconnu pour son immense intelligence et sa sainteté. (Il fut ordonné prêtre, puis évêque et cardinal.) D’autres évêques anglicans suivent le même chemin.

— Des pasteurs réformés ou évangéliques ‘reviennent à la maison’. Parmi les plus récents : 

 Scott Hahn (et sa femme Kimberly), pasteur et docteur presbytérien, converti au catholicisme par l’étude des saintes Écritures. (Auteur de Rome sweet home, De la foi de Luther à la foi de Pierre)

— Les pasteurs Richard Borgman (livres),  et Andy Comiskey (+ ici)

 Le pasteur suédois Ulf Ekman, prédicateur évangélique d’une mégachurch dans les pays scandinaves, et auteur de dizaines de livres sur la foi chrétienne (vendus à six millions d’exemplaires, traduits en 50 langues).

Ulf Ekman précise qu’en devenant catholique, il n’a pas changé de religion. Il reste toujours centré sur sa relation au Christ et sur la fidélité aux Saintes Ecritures. Mais il y fallait aussi la dimension sacramentelle de la foi. Pour lui « les pratiques des milieux évangéliques sont trop littéralistes et émotionnelles. On ne peut se contenter, dit-il, d’une expérience de foi individualiste, on a besoin d’accéder à une dimension communautaire qui est celle de l’Église universelle. Il constate la différence de perspectives entre l’esprit protestant plus individuel et l’esprit catholique plus communautaire. » (source + ici)

— D’autres pasteurs, dont le regretté épiscopalien Tony Palmer, et Rick Warren, pasteur évangélique renommé aux USA et dans le monde, ou le chaleureux Carlos Payan, appellent les fidèles de toutes les églises chrétiennes à travailler ensemble à la même mission. Ils sont régulièrement invités chez les catholiques. Et ils dénoncent les préjugés anticatholiques dans les milieux évangéliques intégristes.

« Quand je suis avec des personnes qui aiment Jésus, peu m’importe si elles sont catholiques ou évangéliques. (…) Quelque chose de nouveau est en train d’émerger, un mouvement nouveau qui transcende les étiquettes. » (Éric Célérier, pentecôtiste et fondateur du portail évangélique mondial Top chrétien)

« En tant que protestant, Dieu veut me parler à travers l’Église catholique (…) Prier avec d’autres chrétiens, c’est se placer au bénéfice d’autres charismes. Les dons des autres confessions m’enseignent toujours. » (past. Langlois)

 

 

 

 

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